LES PAGES DU MATIN

Publié le 21 Décembre 2009

Le premier et principal outil de (re)conquête de notre créativité préconisé par Julia Cameron dans son livre Libérez votre créativité sont les pages du matin ( morning pages ) .

 

Voici le résumé de ce que sont les pages du matin :

 

Il s’agit d’écrire ponctuellement chaque matin même ( et surtout )  si on n’en a pas envie trois pages manuscrites  (format A4 ce qui fait une feuille et demi, ou si on utilise un petit cahier, 3 feuilles recto verso )  ou au cours desquelles nous devons donner libre cours à nos pensées : «  oh la la encore un matin ! mais je n’ai rien à écrire…j’ai encore la vaisselle à faire …est ce qu’il a plu cette nuit ? …blablabla… ».

Il faut écrire tout ce qui nous passe par la tête. Rien n’est trop stupide, trop insignifiant, trop étrange pour être exclu. et si on ne sait pas quoi écrire, on écrit : « je ne sais pas quoi écrire, je ne sais pas quoi écrire… » ou n’importe quoi jusqu’à ce qu’on ait noirci trois pages.

Ce qu’on écrit n’est pas de l’art, ni même de l’écriture, l’orthographe, la grammaire, le style n’ont rien à y voir.

Les pages du matin n’ont pas à paraître intelligentes ; la plupart du temps elles ne le seront pas et personne n’en saura rien sauf nous-même car absolument personne n’est autorisé à les lire. Et même nous, nous ne devons pas les relire avant huit semaines environ.

Même si  parfois les pages du matin peuvent receler des choses très belles et pertinentes, la plupart du temps elles ne seront que pensées négatives et fragmentées. Souvent elles ne livrent qu’apitoiement sur soi-même, enfantillages….elles sont souvent répétitives de jours en jours … elles expriment de la colère, des velléités, des rancoeurs…elles peuvent paraître bêtes…

Bon…c’est très bien.

Parce que tous ces propos notés les matin dans les pages, qui expriment des gémissements, des émotions perturbantes, ou des choses insignifiantes et banales, toutes ces choses s’érigent entre nous et notre créativité. Toutes ces choses encombrent notre inconscient ( et souvent aussi notre conscient !)  et nous gâchent nos journées. Nous lavons notre cerveau de toutes ces choses en les couchant sur la page.  C’est déjà un premier point.

Mais les pages ont une deuxième vertu , si on les fait le plus tôt possible, dès le saut du lit préconise JC : nous permettre d’échapper à notre Censeur intérieur !

En tant qu’artistes bloqués nous avons tendance à  nous critiquer sans merci.

Même si nous paraissons aux yeux des autres fonctionner comme des artistes, nous avons le sentiment que nous n’en faisons jamais assez et que ce que nous faisons n’est jamais assez bien. Nous sommes victimes de notre propre critique, perfectionniste intériorisé, le vilain Censeur qui profère sans arrêt des remarques destructrices , bien souvent déguisées en vérité.

Puisqu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’écrire les pages du matin, et parce que plus tôt on les fait, moins le Censeur est réveillé,  l’opinion du Censeur sur le principe et le contenu de ces pages n’a aucune importance même s’il en émet une, forcément négative, et il le fera assurément. Il suffit d’écrire.

 Le but est de cesser de considérer le Censeur comme la voix de la raison et d’apprendre à le concevoir comme un dispositif de blocage, ce qu’il est.

Les pages du matin vont nous apprendre que notre humeur n’a pas vraiment d’importance ; que certaines de nos œuvres, parmi les plus créatives sont réalisées les jours où on avait l’impression que tout ce qu’on faisait ne valait absolument rien. Les pages du matin nous apprennent d’arrêter de juger et d’écrire  ( «  tais- toi et écris ! »)

JC explique que faire les pages du matin lui permet d’aller de l’autre côté ( to get to the other side ) ; de l’autre côté de nos peurs, de notre négativisme, de nos humeurs.

Surtout,  au-delà de notre Censeur, à l’abri de ses critiques incessantes, là où on peut entendre la petite voix de notre Créateur intérieur qui est aussi la nôtre.

Le Censeur c’est notre cerveau logique, linéaire ; il perçoit le monde selon des principes, des catégories connus. Le cerveau logique était et est toujours notre cerveau de survie. Tout ce qui est inconnu est perçu comme inadéquat et potentiellement dangereux.

Face à une peinture abstraite aux couleurs étranges il dit : « qu’est ce que ça peut bien être ? ce n’est pas comme il faut ! »

Notre cerveau artiste en revanche est notre enfant intérieur, notre inventeur…il est libre, procède par association, il établit des liens nouveaux,  relie des images disparates pour créer du sens…

Il se trouve que les pages du matin apprennent au cerveau logique à se tenir à l’écart et à laisser jouer le cerveau artiste.

Pour le Censeur, toute pensée originale peut être un vrai danger. Il aime ce qu’il connaît, ce qui le sécurise. Il juge toute originalité fausse/dangereuse/mauvaise.

Les pages du matin entraînent à ne plus entendre les critiques, les moqueries, les menaces du Censeur.

Enfin JC nous explique que les pages du matin sont une forme de méditation . A force de les faire chaque matin on atteint une forme de vision intérieur, une forme de sagesse.

Voilà donc en résumé ce que sont les pages du matin selon Julia Cameron.

 

Cela fait des mois que je les pratique par intermittence, et j’avoue je confesse que j’en ai maintenant besoin…si pendant plusieurs jours, mon emploi du temps ne me permet pas de les faire, j’éprouve un réel manque, comme si mon cerveau était encombré, comme si je n’avais pas descendu les poubelles depuis plusieurs jours…

 

Et de la même façon que le contenu de nos poubelles est sûrement très édifiant sur notre mode de vie, les pages du matin  à la longue nous révèlent beaucoup sur nous même … à force de radoter les mêmes choses idiotes quotidiennement ( parce qu’il ne faut pas se leurrer, on radote énormément ! enfin je sais pas vous, mais moi je radote !  ) , on devient moins dur, moins psycho-rigide envers soi même et envers les autres, et c’est là que  les idées neuves surgissent ….

 

 

Rédigé par Chry

Publié dans #Julia Cameron, #créativité, #coaching, #pages du matin

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